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Pourquoi la tokenisation est la clé pour résoudre les enjeux de la Supply Chain Finance ?

By Kyriba

Pourquoi la tokenisation est la clé pour résoudre les enjeux de la Supply Chain Finance ?

Depuis quelques années, la chaîne d’approvisionnement B2B est sous tension. Le blocage du canal de Suez en mai 2021 a montré à quel point les échanges internationaux peuvent être facilement perturbés : 12 % des échanges internationaux passent par le canal et un accident avec un seul porte-conteneurs suffit à bloquer 9,6 milliards de dollars d’échanges commerciaux par jour.

Les économistes s’attendent à de nouvelles tensions sur l’approvisionnement en matières premières en 2022 car les entreprises constituent des stocks en prévision d’une reprise économique après la pandémie.

Régler le problème du financement des grandes filières industrielles permettrait de dynamiser les échanges commerciaux et de soutenir les politiques de relance économique post COVID dans le monde. La solution réside dans la combinaison de la technologie IoT (internet des objets) et de la tokenisation qui devrait révolutionner le financement de la chaîne d’approvisionnement à l’échelle mondiale. Jean-Baptiste Gaudemet, SVP Data & Analytics chez Kyriba, précise :

Le financement de la chaîne d’approvisionnement mondiale est devenu un problème économique majeur en raison de la mondialisation des échanges et de la mise en œuvre de l’industrie 4.0 dans l’écosystème industriel. La tendance au « lean management » des fournisseurs a entraîné une interdépendance financière accrue des acteurs des filières industrielles. Par conséquent, les entreprises, grandes ou petites, recherchent un financement plus efficace de leur chaîne d’approvisionnement ainsi qu’une meilleure gestion des risques associés.

Tout au long de la chaîne d’approvisionnement, les entreprises doivent faire face aux problèmes récurrents des retards de paiements et des tensions induites sur leur bilan. Ces problèmes sont certainement antérieurs à la pandémie, mais ils risquent d’entraver la reprise économique tant attendue.

La bonne nouvelle, c’est que le monde de la « Supply Chain Finance » est sur le point d’être révolutionné par la combinaison de la technologie de l’Internet des objets (IoT) et des plateformes de financement décentralisées innovantes. Avec une estimation de 50 millions d’appareils IoT d’ici 2030, il devient possible de suivre les marchandises à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement.

Cette traçabilité offre également la possibilité d’améliorer le financement des chaînes d’approvisionnement étendues qui caractérisent désormais une grande partie du commerce international.

Couvrir la ligne de crédit d’un fournisseur en leur permettant d’utiliser leurs factures comme garantie est un moyen bien établi pour les grandes entreprises d’aider leurs fournisseurs directs. Cependant, cette approche du Reverse Factoring ne suffit pas pour une chaîne d’approvisionnement étendue, fonctionnant en flux tendu et dont les différents éléments tout au long de la chaîne sont très interdépendants.

Par conséquent, de nombreuses entreprises restent très dépendantes des sources de financement traditionnelles, et leur implication dans les grandes filières industrielles affaiblit l’ensemble de la chaîne tout en constituant un risque pour elles-mêmes.

Comment la tokenisation peut aider

Ce qu’il faut, c’est une plateforme qui fonctionne tout au long de la chaîne d’approvisionnement, y compris pour les PMEs qui la composent, l’acheteur final fournissant la garantie ultime de paiement pour tous. Mais il s’agit actuellement d’un cauchemar juridique, impliquant une masse de contrats distincts qui rendent cette solution impossible à mettre en œuvre dans la pratique.

Pour résoudre ce problème, nous devons tirer parti des nouvelles possibilités offertes par la finance décentralisée afin d’ouvrir la voie au « deep-tier finance » (financement de la chaîne d’approvisionnement sur toute sa profondeur).

La blockchain permet d’enregistrer la garantie de paiement de l’acheteur final sous la forme d’un jeton non fongible (NFT). Le NFT est ensuite transmis tout au long de la chaîne, vérifié à chaque étape, et permet aux différentes entreprises de la chaîne de prouver qu’elles seront effectivement payées.

Pour fonctionner, une telle solution nécessite trois éléments clés :

  • Résoudre le défi technique que représente la création d’un NFT fonctionnel.
  • Créer un mécanisme financier incitant les fournisseurs à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement à transmettre le NFT à leurs propres fournisseurs. Cela pourrait prendre la forme d’un spread intégré au « smart contract » du NFT.
  • Mettre en place des pratiques KYC (« Know Your Customer ») efficaces pour tous les participants à chaque étape.

L’introduction réussie des NFT tout au long de la chaîne d’approvisionnement donnerait aux entreprises acheteuses l’occasion d’étendre leur soutien aux grands fournisseurs de niveau 1 jusqu’au plus petit maillon de la chaîne, là où les avantages de ce soutien sont les plus nécessaires.

 

Mais cela ne s’arrête pas là. L’introduction de la tokenisation permettra aux entreprises d’exploiter de nouvelles ressources de financement dès lors que les investisseurs considéreront les jetons comme un investissement pouvant être échangé sur le marchés financiers. À ce stade, la Supply Chain Finance devient soudainement très intéressante pour les investisseurs institutionnels, tels que les fonds de pension et les compagnies d’assurance, intéressés par la marge attractive offerte par cette classe d’actifs alternative.

Même si les taux d’intérêt devraient augmenter en 2022, une classe d’actifs alternative sous la forme de jetons de financement de factures fournisseurs intéresserait certainement les investisseurs institutionnels, comme en témoigne leur appétit pour le private equity et la dette privée.

En ce début d’année 2022, plusieurs start-ups travaillent sur chaque aspect de cette solution. Notamment en Chine, qui est également en tête du peloton pour le développement d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC). Ce point est important, car le développement des CBDC rendra la gestion du jeton de facture encore plus efficace. Le paiement en CBDC peut être exécuté automatiquement par le smart contract de la facture, de sorte que le rapprochement entre le titre et le cash n’est plus nécessaire.

Ces développements représentent une véritable révolution dans la technologie financière qui réduira considérablement le coût et accélérera le traitement des paiements et des règlements tout en réduisant le risque de fraudes.

 

REMARQUE

Cet article est basé sur plusieurs entretiens accordées par Jean-Baptiste Gaudemet, SVP Data & Analytics chez Kyriba, à IBS Intelligence, Global Banking & Finance, Euromoney et Treasury Management International de septembre à décembre 2021.

Pour en savoir plus sur ces entretiens :

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